A propos et intentions

Aujourd’hui mon approche musicale découle en grande partie d’une réflexion sur l’interprétation des musiques anciennes (et plus précisément sur celles du Moyen-Age et de la Renaissance) avec un grand intérêt pour la voix et la polyphonie). Non pas spécifiquement pour interpréter ces répertoires, ou pour « monter un programme », mais pour nourrir une pensée sur l’écriture musicale et sur son interprétation actuelle.

Mon travail a pour ambition de se concentrer sur l’écriture de pièces musicales pour le chant – qu’il soit polyphonique et/ou monodique – et sur la composition pour instruments anciens (sans toutefois s’interdire des incursions d’instruments modernes).

Une réflexion sur la tonalité, la modalité et plus particulièrement sur la pré-tonalité est au coeur de mon désir d’écriture.

Ma pensée sur l’interprétation des musiques anciennes s’inscrit modestement, mais pleinement, dans celle développée par Bjorn Schmelzer (Graindelavoix) ; en essayant de la placer dans une optique compositionnelle s’appuyant sur différents axes.

Brièvement, Bjorn Schmelzer défend l’idée que les traces du passé sont comme un message envoyé dans une bouteille ; la partition contenant en elle une part de virtualité est comme un diagramme où une grande part de la matière est à découvrir. Pour lui, le passé n’est pas un « paradis perdu », possiblement reconstructible à travers une pensée historisiste. Les œuvres du passé portent en elles une possibilité d’émancipation si l’on veut bien les regarder de manière rétroactive.

Toujours comme le dit Bjorn Schmelzer : « L’art ancien, digne de ce nom, a toujours été impliqué dans la négation, produisant des fissures dans la culture symbolique et constituant une subjectivité dirigée contre une politique homogénéisante et identitaire ».

Actuellement, une grande partie de mon travail se base sur un procédé d’écriture longuement employé par le passé. Ce procédé, est l’emploi d’un Chant donné, ou Cantus Firmus, comme base de développement d’une pièce polyphonique et/ou instrumentale.

Que ce Cantus Firmus soit « réellement » extrait d’une œuvre du passé ou qu’il soit fantasmé, il fait partie pour moi, mais pas que, de la transmission d’une mémoire à travers le temps. Ce procédé n’est pas un principe immuable. Il me permet d’essayer de placer mon travail dans une sorte d’intervalle sensible, délibérément subjectif.

Une suite de quatre notes peut sous-entendre une infinité de possibles si elle est regardée avec empathie. Elles sont, peut-être, les quelques pierres restantes d’un édifice en ruine possiblement « reconstructible » avec tous les affects qui traversent un être du présent.

« J’emprunte » donc ces Cantus Firmus à plusieurs endroits et sous différentes formes.

  • Textuelle : poèmes, chants (ayant, par exemple, « perdu » sa mélodie au fil des siècles).
  • Visuelle : dans « les signes » que peuvent nous transmettre la peinture, l’architecture, la sculpture au fil du temps (ce qu’Aby Warbug appelait les signes du Pathos ; Pathosformel).
  • Et bien entendu Musicale : en s’appuyant sur des partitions, des écrits.

Ces « emprunts » sont bien entendu poreux les uns envers les autres, et la somme de ces éléments alimente mes recherches.

Enfin, je précise que les points évoqués plus haut ne signifient pas que je compose et/ou que je souhaite que ma musique soit interprétée comme on aurait pu le faire lors des siècles passés, cela n’aurait aucun sens !

Le passé informe tout autant le présent que le présent informe le passé.

Bio

Après avoir débuté sa formation au CIAM (33), Kevin Malfait poursuit son cursus musical en entrant au conservatoire de Bordeaux en section Jazz. Grâce à sa sélection dans l’European jazz school il part étudier et jouer en Allemagne puis en Pologne.

De 2011 à 2017, il est membre actif du groupe bordelais Tulsa avec qui il fait de nombreux concerts et festivals en France (coopérative de mai, francofolies, musilac, la cigale, la boule noire, le stéréolux, etc.) et avec qui il enregistre plusieurs disques.

En 2016, il compose avec Clément Bernardeau un ciné-concert sur le dernier des hommes de F.W Murnau.

Toujours avec Clément Bernardeau il compose et interprète la musique des pièces D’après nature et 22 actions faire poème de la compagnie chorégraphique la Tierce. Il travaille actuellement sur la musique de leur prochaine pièce La Contreclé.

Il collabore régulièrement avec l’artiste Bordelais Geörgette Power nottament pour la mise en son de rêves dans le cadre du projet Marécages (2022-2023).

De 2016 à 2020, il forme avec le comédien et metteur en scène Romain Jarry (Cie des Limbes), le duo musical et textuel je ne sais quoi avec qui il fait plusieurs concerts (trente-trente, festival face Z à Genève, horizons numérique, Bordeaux rock, etc). je ne sais quoi enregistre un EP en 2016 puis un album qu’est-ce que ça en 2018.

En 2021 il créait une pièce musicale pensée à travers un dispositif d’installation sonore et visuelle nommé Retable – souvenirs d’une création.

Depuis, son travail se tourne vers la composition pour instruments anciens, ou destinés à la musique ancienne ainsi que pour la voix avec une affection toute particulière pour la polyphonie. Pour approfondir ce domaine il se forme, entre autre, au CMAS (Centre de Musique Ancienne Sauternes).

Il travaille actuellement sur deux créations porté par la compagnie Autour (qu’il a fondé). Ce qui n’est pas né, en duo avec le danseur et chorégraphe Charles Pietri. Et un projet d’écriture polyphonique pour quatre voix féminines à partir de chant de troubadours en Occitan.

Depuis plusieurs années, il compose également pour le cinéma en signant la musique de plusieurs films: Petit Coeur et Méphistophélès de Selim Bentounes, Yamb de Winnele Veyret, Hyménée de printemps, Ces jours-là et Marée nocturne d’Annabelle Guetatra, Les Artifices de Kahina La Querrec, etc.

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